L’UFC-Que Choisir de La Manche révèle les « zones blanches » de notre département de la Manche
L’association locale rend public un état des lieux désolant de l’accès aux transports en commun dans le département, pour nombre d’habitants se passer du véhicule individuel est une gageure. Les carte qu’elle établit sur le sujet montre de grandes inégalités qui ne nous placent pas en bonne position par rapport à d’autres départements.
« Au quotidien, prenez les transports en commun », une des 3 mentions désormais obligatoires dans les publicités se rapportant à la vente de véhicules, Oui, mais comment, lorsque 53.3% des Manchots n’ont pas accès aux transports en commun à proximité de leur domicile ?
L’accès à une gare ou station de transport en commun à proximité de son domicile n’est par ailleurs pas l’assurance que les transports publics soient effectivement utilisés, puisque cela dépend également des dessertes assurées, de la fréquence des passages, de la ponctualité.
Dans notre département, 72.1% des communes ne disposent d’aucun arrêt de transports en commun (bus, tramway ou encore trains). Dans le détail, notre analyse montre que dans 16.4% des communes, plus de la moitié des habitants n’ont aucun accès aux transports en commun dans un rayon de 10 minutes de marche de leur domicile.
Selon ce critère, à l’échelle du département, cette absence d’accès à un transport en commun concerne 53.3% des Manchots (contre 17.4% en moyenne nationale).
Un réseau ferré encore trop centré sur les grandes villes
Notre étude montre qu’aucune gare n’est disponible dans 97.8% des communes du département.
Au global ,96.6% des habitants du département n’ont pas un accès à une gare à moins de 10 minutes de marche de chez eux.
En prenant en compte la possibilité d’une multimodalité consistant à accéder à une gare en utilisant un vélo, on constate que ce sont encore 79.5% des Manchots qui résident à plus de 10 minutes en vélo d’une gare.
Cela concerne donc de trop nombreuses communes du département un peu éloignées des côte ou d’une grande ville. Nous avons pris comme exemple pour notre conférence de presse, un des cas emblématiques de la situation – la commune de PICAUVILLE, mais c’est loin d’être la seule – pour y faire le temps d’un après-midi un arrêt de bus fictif, avec distribution de billets (voir notre photo).
En effet 100 % des 3000 habitants de PiCAUVILLE n’ont pas accès à un transport en commun sauf à pouvoir disposer d’un véhicule pour rendre à 20 km de là pour prendre un bus ou un train. Nous somme loin de la référence de 10 minutes à pied ou à vélo pour l’accès à un transport en commun. La voiture devient en cet endroit, indispensable et encore, il faudra compter 20 minutes pour y accéder…
En outre,cette commune cumule désert médical et désert en matière de transport en commun, difficultés sociales, nombre important de personnes âgées, etc…La question de l’accessibilité aux transports en commun se pose ici avec une acuité particulière.
L’article L 1111.1 du code des transports ne préconise t’il pas le droit à tous d’accéder à cette mobilité ? Ici, nous sommes loin du compte.Les deux lignes de bus importantes qui traversent le département (NOMAD CAR) longent les côtes et ignorent le contre du département. Il manque des lignes qui traverseraient le département d’Ouest en Est.
En outre, et cet aspect ne peut être écarté, nous avons calculé que s’il existait un bus qui traverse le département à ce endroit, rien que pour cette seule commune, ce serait 784 tonnes de CO²/an qui seraient économisés.
Un modèle de financement qui aggrave les inégalités territoriales
Le financement des transports publics dépend aujourd’hui en grande partie des contributions des entreprises locales qui emploient au moins 11 salariés, concentrées dans les grands centres urbains. Pourquoi les taxes ne concerneraient-elles pas les autres entreprise plus nombreuses qui en tirent bénéfice pour l’accès de leurs employés et/ou leurs clients. Cette inégalité de financement pénalise les territoires moins urbanisés, où les autorités locales n’ont pas les moyens de développer des services publics de transport adaptés aux besoins des habitants.
Un rééquilibrage s’avère indispensable pour garantir un accès équitable aux transports en commun det leur financement dans notre département.
Face aux constats dressés, l’UFC-Que Choisir de la Manche appelle à une refonte de la politique de mobilité permettant le développement d’une mobilité durable et équitable passant par :
- Des investissements ambitieux dans les réseaux de transports en commun pour assurer une offre de qualité au-delà des seules zones urbaines afin de réduire la dépendance à la voiture ;
- Une refonte du financement des autorités organisatrices des mobilités locales (AOML) leur garantissant les ressources nécessaires pour le développement des transports en commun, en particulier en zones rurales et périurbaines ;
- Une révision des règles d’aménagement du territoire qui soit basée sur l’intégration des transports en commun aux décisions d’urbanisme, en lien avec les besoins de logement, pour favoriser une réelle inclusion territoriale.
- En outre, dans l’objectif de décrire encore plus finement les réalités auxquelles sont confrontées les consommateurs sur l’accès aux transports en commun, nous demandons une fiabilisation des données officielles de localisation des arrêts de transports en commun et qu’elles prennent en compte les aspects qualitatifs de l’offre (fréquence, ponctualité…).