1 litre d’eau sur 5 volatilisé dans la Manche, voire 1 litre sur 2 : ‘’la fuite en avant !’’
SI l’UFC-Que Choisir n’a pas cessé depuis des années de suivre la qualité de l’eau potable, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive et de l’irrigation. L’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisation d’eau potable.
Alors que le ministère de la Transition écologique indique que la majorité du territoire français subira probablement une nouvelle sécheresse cet été, l’UFC Que Choisir de la Manche dénonce aujourd’hui ‘’ La fuite en avant ! ’’ pour alerter sur le niveau préoccupant des pertes d’eau potable dans la manche.
Avec 23 % de pertes, le département de la Manche se classe parmi les plus mauvais pour les taux de fuites d’eau potable !
Ces pertes considérables représentent chaque année l’équivalent de la consommation en eau des villes de Cherbourg, Saint-Lô et Granville . A l’heure où on se préoccupe de la quantité d’eau disponible à la consommation en période de sécheresse, des pertes d’une telle importance, qui correspondent à des efforts pour la recueillir, la traiter, et à un coût auquel tout le monde ou presque participe, sont insupportables.
Nous comprenons qu’en zone rurale puisse exister des difficultés particulières liées à la longueurs des réseaux et moins d’usagers à servir, moins de financements. Par ailleurs, ont été mal mesurés les conséquences de canalisations en matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) qui représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées.
Mais même s’il peut y avoir en même temps d’autres priorités au niveau du traitement de l’eau, nous ne comprenons pas qu’il y ait aucun renouvellement de réseau depuis plusieurs années à certains endroits, ou pas assez et que par endroits, l’état du réseau régresse.
Des taux de pertes les plus élevés ont été trouvés notamment dans certaines communes du centre-est et le sud du département où le rendement des réseaux atteint respectivement 51%, 52,9 %, 53,9%, 54,32 % pour 2021. Soit une perte sur la moitié de l’eau traitée ! C’est-à-dire largement derrière le seuil fixé par le Grenelle de l’environnement (15 %) y compris avec le taux fixé pour les communes rurales, très en retrait, soit 35 %, un seul plutôt bas -1/3 de l’eau traitée non atteint !
Globalement le département se traine avec 0,47 % de renouvellement de réseau quand les deux départements voisins rejoignent la moyenne nationale (0,67 %) alors que depuis 2019, le taux à atteindre est de 1 %. Il est difficilement compréhensible que sur certains secteurs de la Manche, depuis 2 ou 3 ans le taux de renouvellement du réseau soit quasi-nul.
Plan de rénovation des réseaux : plus de fuites !
Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’État (connaissance de l’état , programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les communes et maintenant les communautés d’agglomération sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux. Si les grandes et moyennes collectivités peuvent mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, les plus petites communes ont eu les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau ou à financer sa rénovation.
C’est la raison pour laquelle sur ce sujet, nous ne voulons pas stigmatiser les territoires ruraux mais plutôt demander à ce que chaque acteur politique et les agences de l’eau prennent leur responsabilités et les aident à franchir le cap du traitement de ces fuites, du renouvellement de réseau pour parvenir aux objectifs fixés.
Des aides, des efforts particuliers, un rattrapage sont à faire pour ces petits territoires, si au rythme où cela se passe actuellement nous ne voulons pas attendre 150 ans pour parvenir à une situation plus acceptable
Les aides financières, sont limitées par la faiblesse du budget de l’agence de l’eau de Seine NORMANDIE et l’iniquité des contributions entre les différents acteurs. Les utilisateurs de l’eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, l’agriculture ne contribue qu’à 8% de la redevance prélèvement, alors qu’elle représente l’essentiel des consommations nettes d’eau en été.